Peinture canadienne des années 30

La formation du Groupe des Peintres canadiens

Dès le début des années trente, le Groupe des Sept est devenu « l’école nationale » du Canada, dictant l’image de l’art canadien à l’étranger. Et pourtant, la notoriété même du Groupe lui a attiré les critiques de ses opposants. L’Académie royale des arts du Canada a cherché à prendre les rênes du Musée des beaux-arts, tandis que des pétitions et des articles dénonçaient le favoritisme du Musée à l’endroit du Groupe. Les inquiétudes relatives à l’exclusion possible des artistes plus jeunes et progressistes ont conduit à la formation du Groupe des Peintres canadiens en 1933. Parmi les vingt-huit membres du nouveau groupe, on retrouvait la plupart des artistes progressistes anglophones du Canada.

Les débuts de l’histoire du Groupe des Peintres canadiens sont restés marqués par les figures d’Arthur Lismer, A.Y. Jackson et Lawren Harris.

Lismer, qui demeurait l’un des principaux acteurs de l’enseignement de l’art, a, dans les années trente, travaillé à Toronto, en Afrique du Sud, à New York et à Ottawa. En janvier 1941, il a pris la tête du programme éducatif de la Société des arts de Montréal.

Les tableaux de Lismer témoignaient d’un intérêt grandissant pour les structures et les formes complexes. Celles-ci ont évolué logiquement, de paysages panoramiques à des silhouettes spectaculaires, de la végétation touffue à des natures mortes montrant des quais jonchés de déchets, au début des années quarante.

A.Y. Jackson, le seul membre du Groupe capable de peindre à plein temps, visitait les différentes régions du Canada et en revenait avec des esquisses prêtes à être transformées en toiles. La constance de son style et de ses images étant à la fois une force et une faiblesse, il y a réagi en explorant davantage l’Alberta et les Territoires du Nord-Ouest. La terre aride, la rudesse et la solitude du Nord lui ont servi de stimulants.

Bien que le Groupe des Sept n’ait jamais eu de structure officielle, on considère souvent Harris comme son dirigeant. Passionné de théosophie, Harris voyait l’art comme « un processus de clarification et d’objectivation » par lequel une personne pouvait faire l’expérience de l’ordre essentiel de toute existence. L’artiste peut parvenir à exprimer l’harmonie universelle seulement s’il se concentre sur les particularités de son époque, de son lieu de vie et de sa personnalité. Lors d’un voyage dans l’Arctique avec A.Y. Jackson en 1930, Harris a été frappé par la solitude du Nord, son silence et ses formes colossales.

Bien que les tableaux de l’Arctique de Harris aient évolué d’une représentation descriptive à une représentation plus symbolique, il a peint avec parcimonie durant les trois années suivantes. Durant l’été 1934, Harris et Bess Housser (l’épouse de Fred Housser, le secrétaire du Groupe des Peintres canadiens) ont obtenu leurs divorces respectifs et se sont mariés. Leurs divorces ayant créé un conflit de loyauté parmi certains de leurs amis, les nouveaux mariés ont déménagé au New Hampshire. Loin de Toronto, Harris avait la liberté nécessaire pour explorer sa propre voie.

Malgré la dispersion des membres du Groupe des Sept, leur participation à la Toronto Art Students’ League et au Groupe des Peintres canadiens a suffi à garantir qu’une nouvelle génération d’artistes perpétue la tradition du Groupe. Bien que cet héritage ait produit de nombreuses simples imitations, les tableaux de Cobalt d’Yvonne McKague, tout en relevant de la tradition, attestent d’expressions fortes et individuelles du paysage canadien.