Peinture canadienne des années 30

Le Groupe des Peintres canadiens en Colombie-Britannique

La peinture de la Colombie-Britannique des années trente a été marquée par Emily Carr, Fred Varley et Jock MacDonald. Bien que quelques jeunes artistes se soient tournés vers des thèmes industriels par le biais d’estampes ou de murales, c’est plutôt la tradition romantique et paysagiste définie par le Groupe des Sept qui a persisté.

À la fin des années vingt, Emily Carr est retournée aux thèmes autochones de ses premières œuvres et à leur formes hautement stylisées et simplifiées. Vers 1930, elle s’est intéressée à la forêt dont elle voulait se servir afin d’exprimer le mouvement et l’énergie qu’elle percevait dans la nature. Peignant sur papier avec de la peinture à l’huile diluée à l’essence, elle est passée du cœur touffu des forêts à des clairières baignées de soleil, puis à des paysages côtiers et finalement à des vues du ciel exprimant une liberté triomphante et panthéiste.

En 1937, Carr a été victime d’un premier infarctus, conséquence d’années de surmenage et de précarité financière. Elle a commencé à écrire des nouvelles et, à l’automne 1938, a présenté une première série d’expositions annuelles en solo à la Vancouver Art Gallery. Ses ventes ont alors confirmé qu’elle s’était fait un nom dans l’Ouest.

C’est à Victoria, durant les années trente, que la carrière d’Emily Carr a atteint son point culminant. Le milieu artistique de Vancouver n’a toutefois pas connu autant de succès durant cette décennie. En 1925, la Vancouver School of Decorative and Applied Arts était fondée et l’année suivante Fred Varley arrivait de Toronto et Jock Macdonald de l’Écosse. En 1931, la Vancouver Art Gallery ouvrait ses portes, mais la Dépression s’est interposée rapidement.

Jusqu’au milieu des années vingt, la réputation de Varley repose principalement sur ses portraits. Malgré cela, il a peint presque exclusivement des paysages à l’huile et à l’aquarelle durant ses trois premières années à Vancouver. À partir de 1929, il peint des études sensuelles et spirituelles de son ancienne élève, Vera Weatherbie, à la fois portraits et silhouettes dans des paysages.

Jock Macdonald se rend à Vancouver pour y enseigner le dessin et l’art publicitaire. Sur les conseils de Varley, il se met à la peinture et commence à faire des voyages d’esquisse dans les montagnes et dans les îles Gulf.

Confronté à une réduction de salaire de l’ordre de soixante pour cent, Varley et Macdonald fondent leur propre école en 1933, le British Columbia College of Arts, qui se veut une tentative pour réunir la peinture, le théâtre, la danse et la musique sous un même toit. L’établissement n’a toutefois pas été en mesure de faire concurrence à la Vancouver School of Art et à ses subventions dans le contexte d’une crise économique, et a dû fermer ses portes après deux ans.

Macdonald et sa famille ont vécu pendant dix-huit mois à Nootka après la fermeture de l’école. Travaillant dans un environnement entièrement soumis aux éléments naturels, il s’intéresse à une expression spirituelle qui dépasse le simple cadre de la représentation extérieure. Le résultat fut une série de peintures semi-abstraites qu’il appelait des « modalités » et qu’il définissait comme « des expressions de la pensée en relation avec la nature ».

« Contraint à une vie recluse », Fred Varley a choisi de déménager à Lynn Valley, dans le nord de Vancouver. Ses finances réduites à néant, il rêvait de retourner en Angleterre. Un portrait commandé par le Musée des beaux-arts lui a permis de déménager dans l’Est en 1936.

Une fois à Ottawa, il a vendu quelques esquisses et enseigné, mais lorsque la guerre a éclaté en 1939, ses cours ont été annulés. Après une année d’affreuse solitude et de pauvreté complète, il a déménagé à Montréal.