Peinture canadienne des années 30

Les Indépendants

Durant les années trente, la plupart des artistes canadiens travaillaient dans les grands centres urbains du pays, soit Toronto, Montréal et Vancouver, lieux où ils pouvaient nouer des liens avec d’autres artistes et voir des expositions. Toutefois, LeMoine FitzGerald et David Milne ont préféré pour leur part un certain isolement, leur permettant d’explorer des voies plus personnelles. Lorsque Lawren Harris s’est installé aux États-Unis, sa peinture a également évolué dans une direction complètement différente de ce qui se faisait au Canada.

FitzGerald a travaillé à Winnipeg durant les années trente. Il n’a voyagé à l’extérieur du Manitoba qu’à deux reprises pour son travail à la Winnipeg School of Art. Il reconnaissait cependant que sa situation comportait certains avantages. « Il semble impossible pour un artiste d’atteindre un sommet quelconque sans au moins se priver de quelques produits de première nécessité, sans parler de contact social, toutes choses indispensables aux autres. Le désir de créer… occupe tout l’esprit de l’artiste, et pour créer il faut du temps et de la tranquillité ».

L’œuvre de FitzGerald témoigne d’une progression constante dans l’étude des rapports formels. Choisissant des lieux et des objets qu’il connaissait bien, il était convaincu que le sujet était sans importance, mettant davantage « l’emphase sur l’étude plutôt que sur la fabrication d’images ».

Après avoir passé vingt-cinq ans dans l’état de New York, aux États-Unis, David Milne est rentré au Canada en 1929, pour finalement s’établir à Palgrave, en Ontario.

L’isolement de Milne, en partie dû à des facteurs économiques, lui aura donné le temps de se consacrer à la peinture. L’art de Milne reposait sur la formulation et la solution de certains problèmes formels et artistiques, et le développement continuel de son être intérieur.

Le séjour de David Milne à Palgrave a été extrêmement productif, mais difficile financièrement. En 1933, il se séparait de son épouse et déménageait à Six Mile Lake. Il y a d’abord eu une période d’adaptation, depuis « les ciels ouverts de Palgrave jusqu’aux espaces clos de la forêt ». Son nouvel environnement l’a incité à adopter de nouvelles pratiques et de nouvelles méthodes. Attiré par le caractère définitif et immédiat de cette technique, Milne a recommencé à peindre à l’aquarelle à l’été 1937. Il s’est tenu presque exclusivement à l’aquarelle pendant les années suivantes. En 1939, il a déménagé de Six Mile Lake à Toronto, puis à Uxbridge, en Ontario.

En novembre 1934, Lawren Harris est arrivé à Hanover, au New Hampshire, où il est resté pendant près de quatre ans. Il s’est remis à la peinture dans l’espoir de découvrir une forme d’expression abstraite dérivée des éléments naturels, qui traduirait non seulement l’expérience de la nature, mais aussi sa propre interprétation théosophique de ces lieux et expériences.

En septembre 1938, Harris a déménagé au Nouveau-Mexique. Il s’est alors joint au Groupe de peinture transcendantale, lequel s’efforçait de promouvoir un art permettant d’exprimer « l’immatériel au moyen de substances matérielles » et « d’élever la peinture au-dessus de l’apparence du monde physique… vers des royaumes imaginatifs, spirituels et idéalistes ».

Bien que Harris se soit plu au Nouveau-Mexique, il a été contraint de rentrer au Canada lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté. Il a visité Vancouver en octobre 1940 et a décidé d’y passer l’hiver. Il devait y passer les trente années suivantes.