Peinture canadienne des années 30

Évolution du Groupe des Peintres canadiens

Avant la fin des années trente, la direction du Groupe des Peintres canadiens est passée entre les mains de la nouvelle génération d’artistes dont l’œuvre s’est ramifiée dans plusieurs directions.

Carl Schaefer a exploré la topographie et le caractère de son lieu de naissance en milieu rural, non loin de Hanover, en Ontario; tout d’abord à l’huile, puis, en 1937, à l’aquarelle, dont le caractère immédiat et le faible coût lui plaisaient. La Dépression a beaucoup perturbé Schaefer, et ses toiles peintes entre 1939 et 1940, avec leurs verts foncés, leurs noirs et leurs projections angulaires coupantes laissent planer un sentiment grandissant de violence et de mort.

Charles Comfort a grandi à Winnipeg et a déménagé à Toronto en 1925. Peintre de paysages et de figures humaines, ses grands portraits à l’huile et à l’aquarelle démontrent la force de sa caractérisation expressive du modèle. Comfort est un des rares artistes canadiens à avoir reçu des commandes de murales. Les murales qu’il a peintes pour la bourse de Toronto combinent des images des principales industries inscrites à la bourse sur des panneaux verticaux dynamiques.

Bertram Brooker, peintre autodidacte, a peint des œuvres abstraites à la fin des années vingt, combinant des concepts d’éveil spirituel et des phénomènes naturels auxquels s’ajoutent des éléments figuratifs. Il a fait la connaissance de LeMoine FitzGerald lors d’un voyage à Winnipeg, durant l’été 1929. Cette rencontre l’a amené à délaisser brutalement l’art abstrait en faveur de natures mortes et de portraits.

Née à Saint-Pétersbourg, Paraskeva Plistik a fait la connaissance du Canadien Philip Clark à Paris. Ils se sont mariés en juin 1931 avant de déménager à Toronto. Fortement influencée par ses expériences pendant et après la Révolution russe, Clark est l’une des rares artistes canadiennes à avoir exprimé ses opinions politiques dans sa peinture. Comme d’autres artistes, elle accordait toutefois de l’importance aux qualités formelles de la peinture, notamment dans les natures mortes et les paysages.

Pegi Nicol a étudié à Montréal et a déménagé à Toronto à l’automne 1934, où elle est devenue un membre actif et apprécié du milieu artistique. Sa préoccupation pour l’humanité et sa fascination pour les groupes ont persisté tout au long de sa carrière. C’est dans ses aquarelles de scènes de rues de Toronto que Nicol a su le mieux exprimer son amour de la vie.

En 1936, Nicol a épousé Norman MacLeod avec qui elle a déménagé à New York. Dépassée par le milieu artistique de New York et se sentant prisonnière de son mariage et de sa vie de banlieusarde, elle a peint étude après étude de sa fille, à l’aquarelle et à l’huile.

Les salles d’exposition étaient presque inexistantes dans les Maritimes au début des années trente et le public affectait des goûts conservateurs, mais un petit groupe d’artistes de Saint John a produit une œuvre qui a marqué la décennie.

Jack Humphrey, qui avait étudié en Europe et à Boston, s’intéressait aux qualités plastiques de la forme dans des natures mortes peintes dans des couleurs terreuses,  presque sombres. Au milieu des années trente, il travaillait principalement à l’aquarelle et peignait les maisons et l’horizon de Saint John, avant de se mettre à expérimenter de nouvelles techniques dans des portraits d’enfants.

Miller Brittain exprimait ses préoccupations sociales dans des dessins et des peintures qui dépeignaient et faisaient la satire de la vie urbaine. Il a écrit : « Je n’ai aucune patience pour les gens qui pensent que les dessins et les peintures ne sont que des éléments décoratifs. Les tableaux doivent naître de la vie même et en aucun cas en être divorcés… Et je crois que les artistes devraient être enracinés à leur lieu de naissance… Ce qui ne peut se produire que si leur vie et leur travail ne font qu’un ».