Peinture canadienne des années 30

Manifestations régionalistes au Québec

La vie rurale traditionnelle du Québec a joué un rôle important dans le concept d’identité canadienne française. Des historiens et des écrivains ont affirmé que sa préservation était synonyme du combat des francophones de l’Amérique du Nord contre l’assimilation. Les artistes du Québec se sont intéressés de façon répétée aux thèmes de la vie rurale, par des interprétations constamment renouvelées.

Marc-Aurèle Fortin a peint les grands ormes des villages du Québec, les charrettes à foin sur les routes de campagne et les courbes douces des vieilles fermes; mais au début des années trente, il a également peint, à l’huile et à l’aquarelle, le quartier montréalais d’Hochelaga, vu depuis son appartement de la rue Notre-Dame Est. En 1935, il a passé du temps en France. À son retour, il s’est établi à Sainte-Rose, où il a peint sur un fond noir, conférant une qualité presque brutale aux œuvres de cette période. À la fin des années trente et tout au long des années quarante, il a peint dans la région du Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie.

Après avoir été gazé au combat pendant la Première Guerre mondiale, André Biéler a étudié aux États-Unis avant de travailler avec son oncle, le peintre muraliste suisse Ernest Biéler. Inspiré par la littérature régionaliste française, Biéler était à la recherche d’un endroit au Québec où vivre et peindre. En 1927, il a déménagé à l’Île d’Orléans, où il a passé les trois années suivantes. Le mode de vie traditionnel des habitants de la campagne a déterminé les thèmes et les personnages des œuvres de Biéler pendant la décennie suivante.

Jean Paul Lemieux a commencé à s’intéresser à l’art folklorique du Québec alors qu’il était encore relativement jeune. Lemieux, qui est né à Québec, a visité la région de Charlevoix pour la première fois en 1921. Plus tard, à Montréal, il a illustré de nombreux romans inspirés de thèmes régionaux et historiques. Lemieux, qui voulait créer un lien entre son art et la vie sociale et politique des gens autour de lui, a applaudi le rôle social et éducatif des murales des artistes mexicains et américains. Il a lui-même délaissé les paysages en faveur de peintures de la vie contemporaine, au caractère souvent satirique. 

Jori Smith et Stanley Cosgrove sont tombés eux aussi sous le charme de la région de Charlevoix. La personnalité passionnée et profondément humaniste de Smith l’a attirée vers les enfants du comté de Charlevoix, dont elle a peint les portraits.

Cosgrove, qui s’intéressait au renouveau de l’art mural mexicain et américain, a voyagé au Mexique en 1939, où il a peint et étudié pendant les quatre années suivantes.