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René Magritte À la fin des années 40, l'artiste surréaliste belge René Magritte (1898-1967) commence une série de toiles sous le titre général de Perspective, qui s'inspire des tableaux bien connus des artistes français Jacques Louis David, François Gérard et Édouard Monet. Caractéristique commune de cette série, Magritte substitue des cercueils à la place des personnages dans les peintures originales. À l'automne 1950, Magritte utilise le fameux portrait de madame Récamier, que Jacques Louis David avait laissé inachevé en 1800, comme sujet des deux dernières peintures de la série. Dans le tableau original, madame Récamier, reconnue pour ses talents de grande séductrice et dont les salons littéraires et poétiques étaient célèbres, est allongée sur un divan, vêtue d'une robe de chambre blanche. Outre l'intérêt de Magritte pour le sujet, deux autres facteurs l'ont peut-être incité à s'approprier cette image: le décor intérieur extrêmement austère et le fait que la peinture originale de David n'ait pas été achevée, lui offre ainsi l'occasion de mettre les touches finales à ce fameux portrait. Ces touches finales s'avèrent à la fois dérangeantes et étonnamment humoristiques, particulièrement lorsqu'on aperçoit les restes de la robe du sujet original qui se faufile sous le cercueil, au lieu de tomber en cascade sur le corps de la jeune séductrice. Perspective : Madame Récamier de David (1951),
avec sa surface magnifiquement peinte et son imagerie évocatrice,
qui mêle et renvoie avec émotion les thèmes
de la séduction, de la mort et du rire, est une oeuvre majeure
qui s'harmonise à merveille avec l'énigmatique Gala
et l’Angélus de Millet précédant l’arrivée
imminente des anamorphoses coniques (1933) de Salvador
Dali, autre pièce de la collection du Musée.
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