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William Bent Berczy
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William Berczy
William Bent Berczy, c.1808
Aquarelle avec touches de gouache, vernie, sur papier vélin fin avec bordure de cercles découpés dans une feuille d'or, collé en plein sur un panneau de bois
12,3 x 10,7 cm ovale
Legs de Cynthia F. Weber, descendante de l'artiste, Belleville (Ontario), 1999

L'Image de mon William? l'Image de ce cher Enfant? Ô mon William! embrasse tant et tant de fois ce tendre Papa de ma part, & dis lui : que ce don à tous les mérites auprés de moi : C'est un chef d'œuvre de l'art, qui retrace a chaque instant à ma vue des traits chéris.

Voilà ce que Charlotte Berczy, restée à Montréal, écrivit à son fils le 1er septembre 1808, lorsqu'elle reçut ce charmant et tendre portrait exécuté par son mari, William Berczy. Le jeune William se trouvait à Québec avec son père qui remplissait plusieurs commandes de portraits, notamment celui de La famille Woolsey, l'un des ses chefs-d'œuvre aujourd'hui dans la collection du MBAC.

Après de nombreuses années passées comme portraitiste professionnel et même marchand d'art en Suisse et à la cour des Habsbourg à Florence et à Naples, William Berczy met le cap sur Londres. C'est là qu'il accepte, en 1791, un contrat de recrutement de colons allemands pour l'État de New York. Quand le projet tourne au désastre, il se laisse tenter par le gouverneur du Haut-Canada, John Graves Simcoe, qui offrait des lopins de terre aux colons allemands dans le canton de Markham. Avec sa femme et ses deux fils en bas âge, Berczy franchit la rivière du Niagara et atteint le Haut-Canada en 1794. Sa carrière de colonisateur s'effondre assez rapidement, et en 1802 il décide de déménager à Montréal et de reprendre son métier de portraitiste. À sa mort, en 1813, William Berczy laisse une riche production comprenant des portraits en miniature, des portraits à l'aquarelle et à l'huile, des œuvres religieuses et même des dessins d'architecture qui ont fait de lui le meilleur peintre de son époque au Canada.

Le sujet de ce portrait a mené lui aussi une vie intéressante. William Bent Berczy voit le jour à Londres en 1791. Il participe à la Guerre de 1812 dans le corps des Chasseurs canadiens et plus tard il sert dans la milice et fait même un début de carrière en politique. Il vit à Amherstburg, Haut-Canada, quand il épouse Louise-Amélie Panet en 1819; de 1832 jusqu'à sa mort en 1873, il réside dans la seigneurie des Panet à D'Ailleboust. W.B. Berczy a peint tout au long de sa vie, mais à titre d'amateur talentueux. Le MBAC possède de lui plusieurs œuvres marquantes, notamment deux aquarelles et une toile représentant les peuples des Premières Nations à Amherstburg ainsi qu'une paire de portraits en miniature, acquis récemment, qui représentent sa femme et lui-même vêtu de son habit rouge de milicien.

En 1808, à l'âge de dix-sept ans, William Bent montrait déjà un certain talent artistique; son père a donc décidé de le représenter sous les traits d'un jeune artiste à l'expression romantique portant une chemise à col ouvert, un gilet strié de bleu et une redingote couleur prune. Il peint le visage avec délicatesse afin de rendre toutes les nuances du modelé des chairs; chaque mèche de sa chevelure châtaine, il la dessine avec netteté, ajoutant à la gouache les rehauts les plus riches.

Fidèle à une habitude malheureuse, Berczy a verni ce portrait à l'aquarelle, car le vernis donnait à l'aquarelle la richesse et la luminosité de la peinture à l'huile. Toutefois, 180 ans plus tard, le noircissement du vernis avait rendu l'image à peine perceptible. En 1991, alors que l'on préparait l'exposition Berczy, Cynthia Weber, propriétaire du tableau et descendante directe de l'artiste, a consenti à ce qu'on essaie d'enlever le vernis. Le résultat fut spectaculaire. En reconnaissance du travail accompli par le personnel de l'établissement sur ce tableau et sur les quatre autres portraits de famille qu'elle possédait, Mme Weber a généreusement légué ces cinq œuvres au Musée des beaux-arts du Canada.