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Coup de soleil, New York se démarque des photographies conventionnelles de personnalités et de vedettes que prenait Edward J. Steichen durant les années 1920. Étude rapprochée et dépouillée d'un visage de jeune femme qui fixe l'objectif sans broncher, cette image dégage une intensité émotive hors de l'ordinaire. Beaucoup plus tard, au début des années 1960, il résuma ainsi sa pensée sur le sujet: « Le portrait doit franchir la barrière de la gêne qu'éprouvent presque tous les gens devant l'appareil-photo [...] L'essentiel est de susciter une réaction naturelle. » Ici, apparaît en plein centre de l'image une tête au port élégant et un peu désincarnée, qui évoque une sculpture de Brancusi. L'obscurité de l'arrière-plan, renforcée par la chevelure foncée, encadre la figure ovale en accentuant la finesse des traits. Si on ignore toujours l'identité du modèle de Coup de soleil, on retient l'hypothèse d'une assistante de Steichen ou d'une visiteuse dans son studio. Bien que Joanna, la veuve de Steichen, soutienne qu'il a exécuté ce portrait simplement parce que le teint hâlé du modèle l'attirait, l'intensité du traitement et l'impression de grande intimité qui s'en dégage ont de quoi surprendre dans une uvre réalisée à cette période de la vie du photographe. En effet, la composition spectaculaire de ce portrait rapproché contraste vivement avec la production de Steichen dans les années 1920, des uvres impersonnelles et commerciales à l'intention des lecteurs de Vogue et de Vanity Fair. En outre, Coup de soleil s'apparente à l'extraordinaire série de portraits signés à la même époque par les photographes Alfred Stieglitz et Paul Strand de Georgia O'Keeffe et Rebecca Salsbury, respectivement. Steichen ne tarissait pas d'éloges sur les portraits par Stieglitz de son épouse Georgia O'Keeffe, une série qui s'est étalée sur vingt-sept ans à compter de 1917. |