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Coupe présentée à George Taylor
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Laurent Amiot
Coupe présentée à George Taylor, 1827
Argent
30,7 x 16,8 x 16,7 cm
Acheté en 2000 grâce à une subvention du Gouvernement du Canada en vertu de la Loi sur l'exportation et l'importation de biens culturels

Le 14 mai 1827, la population de Québec assiste au lancement du King Fisher, à la Canoterie, dans la basse-ville; ce brick jaugeant 221 tonneaux, construit pour George Douglas et Thomas Harby de Londres, sera d'abord affrété durant cinq ans au service du gouvernement pour la surveillance des pêches dans le golfe Saint-Laurent. C'est George Ramsay, 9e comte de Dalhousie et gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique, qui préside la cérémonie. Soucieux de promouvoir le développement de la construction navale, il offre à George Taylor, propriétaire du chantier maritime, cette magnifique coupe d'argent, remplie de champagne pour la circonstance. Ravi de ce présent, Taylor affirme qu'il n'échangerait pas la coupe pour le navire !

Cette commande passée au meilleur orfèvre du pays illustre bien le soutien qu'apportera aux artistes le comte de Dalhousie tout au long de son séjour en Amérique du Nord. S'il existe des documents pour prouver que ce dernier s'était entouré de dessinateurs et d'aquarellistes de talent, on ne connaît cependant aucune autre commande vice-royale à un orfèvre. En règle générale à cette époque, les pièces de ce type étaient achetées ou commandées en Angleterre. Étant donné le génie de Laurent Amiot, on est peu étonné que celui-ci ait livré un vase de conception et d'exécution parfaites, une coupe magnifique qui s'impose tant par ses dimensions généreuses que par son allure sculpturale. Il lui a donné une forme très populaire pour les pièces de présentation durant le premier tiers du XIXe siècle, celle d'une urne classique à couvercle, posée sur une plinthe. Selon l'usage en orfèvrerie, le maître a dû faire intervenir d'autres artistes spécialisés pour parachever sa création. Ainsi, la tête de licorne placée au centre du couvercle - à la fois cimier des Dalhousie et figure de proue du King Fisher, a probablement été coulée d'après un modèle sculpté par François Baillairgé (1759-1830). En outre, l'exécution de l'inscription et des armoiries qui ornent la face principale du vase, comme celle du martin-pêcheur sur la bordure du couvercle, dénote l'intervention d'un professionnel. Selon toute vraisemblance, on a confié le travail au meilleur graveur de la ville à l'époque, James Smillie (1807-1885) qui, dès l'automne suivant, ira parfaire sa formation en Angleterre, avec le concours de Dalhousie. Vers la même période, Smillie a d'ailleurs gravé pour le gouverneur général un ex-libris où apparaissent justement les armoiries familiales de celui-ci.

Cette coupe représente la plus importante pièce d'orfèvrerie honorifique exécutée au pays dans la première moitié du XIXe siècle. Sa réalisation a permis la rencontre exceptionnelle d'un mécène prestigieux et d'artistes de premier plan, en plus d'évoquer la naissance du plus ancien chantier maritime toujours en activité en Amérique du Nord : on le connaît aujourd'hui sous le nom de MIL Davie.