2007-2008 2006-2007 2005-2006 2004-2005 2003-2004 2002-2003 2001-2002 2000-2001 1999-2000 1998-1999 1997-1998
1996-1997 1995-1996 1994-1995 1993-1994 1992-1993 1991-1992 1990-1991 1989-1990 1988-1989 1987-1988 1986-1987
 
< Vignettes < Précédente | Suivante >

Leçons : no 14
Zoom


Ho Tam
Leçons : no 14, 2000
Épreuve à développement chromogène (Fujicolor)
50,8 x 60,9 cm
Acheté en 2002

Dans sa série des Leçons, Ho Tam examine la formation de l'histoire personnelle au sein du cadre plus large des événements sociaux et culturels. Le photographe décrit la La Salle Primary School, à Hong Kong, une école catholique pour les garçons que l'artiste a fréquentée de la fin des années 1960 au début des années 1970. Deux facteurs principaux ont incité Tam à retourner dans sa ville natale : son intérêt suivi pour les images de l'enfance et sa fascination pour le transfert de la ville de Hong Kong des Britanniques à l'État chinois le 1er juillet 1997. Utilisant un caméscope 8 mm à basse définition, l'artiste a filmé les terrains, les élèves et l'architecture de l'école de son enfance. Il a ensuite pris des photographies pendant que la bande vidéo défilait sur un écran de télévision. Les images obtenues sont sombres et granuleuses, et ce mélange d'effets réalistes et d'effets picturaux donne la sensation d'un espace onirique. Tam assimile ses photographies à des souvenirs combinant le réel et la fiction; le double procédé consistant à photographier une première, puis une seconde fois son sujet renvoie à l'imprécision des souvenirs et à l'interposition de nombreux éléments dans l'évocation d'événements appartenant au passé. Les images semblent à la fois enracinées et déplacées, tandis que leur mode de présentation inspire un sentiment d'intemporalité.

Le choix de l'artiste de revenir à son lieu de naissance à un moment aussi critique met en évidence les répercussions du passé de la colonie sur l'histoire de l'individu. La sensibilité britannique s'affirme dans le caractère fonctionnel de l'architecture de l'école et dans les uniformes portés obligatoirement par les garçons : chemise blanche, cravate, short et veste. La religion se manifeste également, sous la forme du crucifix suspendu au-dessus des rangées de pupitres dans une salle de classe bondée. Tam sait rendre avec subtilité le mélange de discipline et de jeu qui caractérise la vie de ces écoliers. Dans l'une des photographies, un jeune garçon assis droit sur sa chaise fixe intensément son livre de classe, tandis que dans une autre image, deux écoliers plongés dans une conversation animée sont profondément absorbés par leur échange. Les activités de ces écoliers se reconnaissent facilement et sont communes à toutes les cultures. En revanche, l'idée de prélever de telles images d'un film qui défile et de choisir des moments chargés de sens que l'artiste « immobilise » pour construire une réflexion sur le passé indique une position d'aliénation et de déplacement. Les Leçons montrent que des événements, des objets et des circonstances souvent enregistrés passivement durant l'enfance acquièrent une signification plus tard dans la vie, lorsque l'adulte insère des éléments disparates de son passé dans les besoins et les réalités du présent. Toutefois, l'individu qui, en tant qu'artiste, cherche à livrer des moments de sa connaissance de soi s'engage dans un processus qui lui échappera toujours et qui peut uniquement se définir de manière approximative, par le truchement d'autres personnes qui sont autant de substituts de soi.

Pour Tam, traiter du processus colonial qui a façonné son enfance est une voie pavée d'incertitude, dans la mesure où ce système lui est étranger tout en formant une partie intégrante de son identité. Au sujet de son séjour à Hong Kong, il a déclaré : « J'y suis allé pour filmer l'école dans l'idée de déconstruire le système colonial, mais j'ai fini par m'y sentir émotivement lié. » Par conséquent, les Leçons se poursuivent, une idée représentée dans l'œuvre par l'espace blanc vierge laissé au bas des images. À un certain moment, Tam voulait inclure du texte dans l'œuvre. Il a ensuite décidé de laisser cet espace blanc en guise d'allusion aux possibilités de découvertes futures ou aux leçons à tirer de la vie.