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Série Passeport infini
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John Max
Série Passeport infini, v. 1965-1972
160 épreuves à la gélatine argentique
Acheté en 2003
© John Max

John Max est né à Montréal en 1936 de parents d'origine ukrainienne arrivés au pays dans les années 1920. Il étudie la peinture avec Arthur Lismer et la musique au conservatoire de McGill avant de découvrir la photographie à la fin des années 1950 en la figure de Lutz Dille. Le travail photographique de Dille, fortement marqué par les influences européennes de Cartier-Bresson, de Kertesz et de Doisneau, met au premier plan la subjectivité du photographe. Max trouve dans cette approche une manière qui correspond à sa vision de la condition humaine. Il s'adonne dès lors à la photographie en autodidacte, complétant son apprentissage auprès de Guy Borremans et de Nathan Lyons.

Max réalise, tout au long des années 1960, des commandes pour le compte de nombreux magazines et surtout pour le Service de la photographie de l'Office national du film du Canada. Durant cette décennie très productive, ses travaux sont diffusés abondamment, tout particulièrement dans les nombreuses expositions et publications du Service. Il participe de plus à la réalisation du Pavillon chrétien à Expo 67. Il représente le Canada à la Cinquième Biennale de Paris en 1967 et est l'un des participants à l'exposition Quatre photographes montréalais organisée et diffusée par la Galerie nationale du Canada en 1968. Une monographie de 57 photographies intitulée And the sun it shone white all night long est présentée en Europe en 1969 sous l'égide des Services culturels du ministère des Affaires extérieures du Canada.

La vision photographique de Max atteint son apogée avec l'exposition Open Passport - Passeport infini organisée par le Service de la photographie de l'Office national du film du Canada et présentée à la Galerie de l'Image à Ottawa en 1972. Dans cette longue suite de photographies en noir et blanc, pour la plupart prises au cours des années 1960, Max utilise la photographie comme un outil d'introspection pour créer un journal de sa vie. Il résume ainsi son entreprise : « C'est l'intérieur que je photographie - du moins c'est ce que j'essaie de faire. L'ami, la famille, l'Indien, l'inconnu de la rue dont je capte l'image, tous reflètent mon être, conscient et inconscient. La relation qui existe entre l'acte et le processus de libération individuelle m'apparaît de plus en plus clairement. Voilà ce qui m'intéresse : la libération de l'homme, son PASSEPORT pour l'INFINI. »

Au fil du déroulement des images, des personnes apparaissent et deviennent des personnages de premier plan dans la narration : un enfant grandit au fil du temps (le fils de Max), une femme vaque à des tâches domestiques (l'épouse de Max), la famille et le cercle des proches se rassemblent. On reconnaît au passage des figures du milieu artistique montréalais : le graphiste Vittorio, le designer François Dallegret, l'artiste Charles Gagnon, les photographes Nina Raginsky, Sam Tata, Guy Borremans et Judith Eglington. On retrouve au tournant la passion de jeunesse de Max pour la musique : une image saisit l'intensité de Janis Joplin en concert, une autre la désinvolture de Frank Zappa en coulisses; un jeune Leonard Cohen interroge l'objectif de toute la profondeur de son regard.

Max fait preuve d'une maîtrise unique du vocabulaire de la séquence dans l'organisation des photographies, et d'une capacité hors de l'ordinaire à tisser un récit polysémique où la signification est obtenue non seulement par l'image mais par ses rapports avec ses semblables. Ainsi, tout au long de Passeport infini, il met en œuvre nombre de stratégies narratives : répétition, scansion, découpage d'une action et rappels de motifs visuels, entre autres choses. Chaque groupe d'images vient s'imbriquer dans un tout qui représente beaucoup plus que la somme de ses parties. L'intense intériorité qui se dégage de l'ensemble vient principalement du traitement des portraits. Réalisés en gros plans, ceux-ci montrent une infinie variété de physionomies et surtout soulignent l'affleurement de climats intérieurs sur le visage. Le regard des protagonistes dirigé droit vers l'objectif nous prend à témoin. Ces visages et ces gestes sont ceux de tout humain. Le voyage de Max dans les émotions et les rituels personnels glisse dès lors vers l'universel et participe d'une expérience commune à l'humanité entière.