2007-2008 2006-2007 2005-2006 2004-2005 2003-2004 2002-2003 2001-2002 2000-2001 1999-2000 1998-1999 1997-1998
1996-1997 1995-1996 1994-1995 1993-1994 1992-1993 1991-1992 1990-1991 1989-1990 1988-1989 1987-1988 1986-1987
 
< Vignettes < Précédente | Suivante >

(Fantasme) Personnage avec des oiseaux
Zoom


Karoo Ashevak
(Fantasme) Personnage avec des oiseaux, 1972
Os de baleine, bois de caribou, ivoire de morse, pierre et bois
48.5 x 47 x 26.5 cm
Don de John et Mary Robertson, Ottawa
© Public Trustee of Nunavut, Succession Karoo Ashevak

Karoo Ashevak est considéré comme l'une des figures de proue de la sculpture sur os de baleine. Sa sensibilité moderne, son habileté technique et sa personnalité légendaire en ont fait l'un des artistes inuits les plus populaires et les plus respectés. Bien qu'Ashevak ait commencé à sculpter, comme beaucoup d'autres, en 1968 grâce au programme d'arts et métiers mis en œuvre par le gouvernement, on estime que sa période prolifique s'échelonne sur quatre brèves années, soit de 1971 jusqu'à sa mort, en 1974, à l'âge de 34 ans. En 1971, John McGrath, agent de développement industriel pour le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, s'installait à Taloyoak avec son épouse Judy McGrath, tisserande et sculpteure. Percevant une qualité exceptionnelle dans le talent d'Ashevak, ils commencèrent à l'encourager et à conserver ses pièces en vue d'expositions.

En 1972, Av Isaacs organise la première exposition individuelle de Karoo Ashevak à l'Innuit Gallery de Toronto. L'année suivante a lieu l'exposition Karoo Ashevak : Spirits à l'American Indian Art Center de New York. C'est un succès, autant aux yeux de la critique que sur le plan financier, ce qui vaut à l'artiste une reconnaissance internationale. Dans sa communauté, la célébrité le propulse au rang de héros local et son œuvre a une influence marquante sur la sculpture de la région du Kitikmeot. En 1977, le Musée des beaux-arts de Winnipeg organise une rétrospective majeure intitulée, simplement, Karoo Ashevak. Puis, en 1994, le Musée des beaux-arts du Canada présente ses sculptures dans les salles d'art inuit afin d'explorer l'influence soutenue de son œuvre vingt ans après sa mort.

Dans son essai pour le catalogue de la rétrospective, Jean Blodgett décrivait (Fantasme) Personnage avec des oiseaux en ces termes : « probablement l'œuvre la plus élaborée d'Ashevak, qui révèle la complexité de son imagerie et de ses formes. Le nombre de parties attachées au corps principal n'est surpassé que par la multitude de petits détails et d'insertions dans chacune des composantes. »

La sculpture se compose de six pièces séparées. En plaçant les oiseaux à l'opposé de la main et de la créature afin de créer un équilibre dans l'ensemble, Ashevak nous démontre son sens aigu des proportions et de la composition. De plus, son utilisation de la forme singulière et parfois grotesque du fanon pour en tirer toutes les qualités expressives et sculpturales prouve encore sa maîtrise de la matière ainsi que sa capacité de mettre à profit les formes naturelles de l'os. Cependant, ce sont les détails de finition, comme les traits gravés du visage, les dents et les yeux concentriques incrustés, de même que le lustre de l'os blanchi, qui révèlent le mieux l'habileté technique de Karoo Ashevak et qui distinguent son travail de celui des autres sculpteurs.

Typique du reste de son œuvre, le sujet de (Fantasme) Personnage avec des oiseaux est ambigu et fantastique. Deux interprétations sont possibles : le personnage est soit un chaman qui appelle les esprits bienveillants (les oiseaux et la créature) pour mettre fin à une famine (ce que suggère la bouche grande ouverte placée bien en évidence au centre), soit un Inuk qui cherche du gibier à plumes pour apaiser sa faim. Dans un cas comme dans l'autre, la représentation des divers personnages se réclame d'un autre monde et semble animée d'une vie propre.