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Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté
Onontaha, 1915
Huile sur toile
Une acquisition rendue possible grâce à
l'appuis de mécènes du Cercle de la Fondation et
aux Amis donateurs du Musée des beaux-arts du Canada
Acheté en 2004
L’un des artistes canadiens les plus talentueux de la fin du XIXe siècle, Marc-Aurèle de Foy
Suzor-Coté est un virtuose en matière de style. Dessinateur, peintre et sculpteur, il excelle
dans la peinture de genre et la peinture d’histoire ainsi que dans l’art paysagiste, la nature
morte et les études de figures.
Comme tant d’autres artistes canadiens de sa génération, Suzor-Coté étudie en France où
il travaille pendant de nombreuses années. Parmi les Canadiens qu’il fréquente dans ce pays,
citons J. Omer Marchand, qui allait devenir un architecte réputé à qui l’on doit, entre autres
choses, les plans du Pavillon canadien à l’Exposition universelle de Paris en 1900, de la maison
mère de la Congrégation de Notre-Dame (1904–1908), de la chapelle du Grand Séminaire à
Montréal (1903–1907) et de la cathédrale de Saint-Boniface (1908). Il conçoit également, avec
John Pearson de Toronto, les nouveaux bâtiments du Parlement à Ottawa (1916–1927) et est
administrateur de la Galerie nationale du Canada de 1925 à 1936.
Marchand commande cette peinture à Suzor-Coté pour mettre en valeur un cadre de style
Renaissance espagnole qu’il possédait déjà. Les proportions et le coloris de l’encadrement
s’adaptent parfaitement au sujet, une jeune femme métisse nommée Onontaha, originaire de
Bécancour, situé sur la rive du Saint-Laurent en face de Trois-Rivières. Représentée de profil,
Onontaha est assise sur une simple chaise de bois. Elle porte un tablier dont les couleurs
vives en pointe-folle s’harmonisent à son chemisier rouge et au papier peint orné de ramages
verts et mauves. Dans la main droite, elle tient une pomme. Si la référence à Ève ne nous échappe pas, son regard n’a rien de séducteur. Onontaha fixe le spectateur, tout à fait consciente
d’être observée. Il ne s’agit pas d’un portrait académique exécuté en atelier, mais
plutôt d’une charmante étude haute en couleur dont la touchante interprétation réaliste
traduit la personnalité du modèle.
Cette oeuvre ne fut exposée qu’une seule fois – lors de l’exposition de printemps à l’Art
Association of Montreal –, peu après sa création en 1915, et elle fut applaudie dans tous les
journaux de Montréal. Albert Laberge de La Presse en fit l’éloge, la qualifiant de « ...toile
extrêmement décorative, dans laquelle l’artiste a déployé toute la virtuosité de son talent
de coloriste ».
Ce portrait d’une grande richesse chromatique, qui sait allier raffinement et sobriété, représente
un jalon exceptionnel dans l’oeuvre de Suzor-Coté. L’approche est directe et l’artiste
fait ressortir l’aspect intime et noble du sujet. Si l’oeuvre n’a pas le renom qu’elle mérite, cela
s’explique aisément par le fait qu’au cours des 89 dernières années, elle fut conservée dans
deux collections particulières et n’a été ni exposée ni publiée après 1915. Rares sont les
occasions comme celle-ci de faire l’acquisition d’une oeuvre majeure de l’un des plus importantspeintres canadiens de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
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