< Vignettes | < Précédente | Suivante > |
|
||
Pissarro a passé les années les plus significatives de sa vie adulte à Pontoise, où il a vécu de 1872 à 1884. Cette petite ville et le monde rural environnant l'ont complètement subjugué et lui ont inspiré une interprétation profondément moderne du paysage. Son engagement envers la nature et les valeurs humaines a trouvé sa pleine expression à Pontoise, où il s'est imposé comme le plus important peintre de la vie rustique. Il ne fait pas de doute que Pissarro se voyait lui-même comme un peintre ayant révolutionné la tradition, et, dès 1876, Émile Zola, qui a toujours suivi sa carrière avec un intérêt grandissant, le voyait comme un être encore plus révolutionnaire que Monet. Les chemins anciens et nouveaux menant de Pontoise à Ennery figurent dans plusieurs oeuvres de l'artiste datant du début des années 1870. Celles-ci, toutefois, ne montrent qu'une petite partie du paysage. En 1877, dans cette toile ambitieuse d'une taille exceptionnelle, Pissarro a peint l'ensemble du paysage dans une vue panoramique conçue sur un mode héroïque. Le chemin est vu à partir du pied des collines, où les champs plats et fertiles se déploient sur une distance considérable. Il s'agit d'un paysage noble et austère, défini exclusivement en termes visuels, où les personnages sont réduits à l'échelle du détail accessoire de façon à donner à la nature une impression de vastitude. Comme toujours dans l'oeuvre de Pissarro, l'orchestration des couleurs est extrêmement raffinée. Fait intéressant, la peinture exsude une autorité qui ne véhicule aucunement son désespoir à propos de son propre avenir: à l'automne 1877, il était complètement sans le sou, et on l'avait menacé de saisir ses tableaux. |