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Fête galante dans un parc
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Pierre-Antoine Quillard
Fête galante dans un parc, v. 1725
Sanguine sur papier vergé ivoire
17,9 x 28 cm
Acheté en 1999

Ce dessin de Pierre-Antoine Quillard, qui a resurgi tout récemment sur le marché de l'art, est sans doute l'exemple le plus significatif de la manière de ce fidèle et talentueux disciple de Watteau. Il plane un certain mystère autour de ce fils d'ébéniste qui a remporté un immense succès à la cour du Portugal après avoir vainement tenté de faire son apprentissage comme peintre d'histoire dans le Paris hautement compétitif du tournant du XVIIIe siècle. On ne peut préciser avec exactitude la nature des relations entre Quillard et Watteau, mais il semble que le jeune homme ait eu accès aux dessins de la première période de son aîné, ce qui signifierait qu'il a pu partager à un certain moment l'intimité de son atelier. L'assurance et le brio du style de ce dessin donnent à penser qu'il s'agit de l'œuvre d'un artiste qui a presque atteint sa maturité. En conformité avec l'élégance du sujet et avec la douceur des personnages, le dessin particulièrement raffiné se caractérise par ses lignes souples et des hachures régulières et précises.

Rien ne prouve que le dessin, malgré son format horizontal prononcé, a été exécuté en vue d'une peinture. Compte tenu de son degré d'achèvement, il se peut que Quillard l'ait produit comme une œuvre indépendante. Presque toute la surface du dessin a reçu un traitement complet, si l'on excepte quelques légères altérations dans la moitié de droite de la feuille. La pose du jeune homme assis, qui porte à son cœur la main gauche et non pas la main droite comme on s'y attendrait pour un tel geste de persuasion, pourrait indiquer que l'artiste avait inversé le dessin que l'on destinait à être gravé.

Le dessin de Quillard représente trois couples en costumes de l'époque qui se promènent en batifolant dans un parc. L'élément narratif de cette Fête galante, Watteau l'avait déjà développé au cours de la décennie précédente dans des tableaux tels que L'embarquement pour Cythère (Louvre), mais le dessin de Quillard dégage moins de mélancolie ou d'appréhension. Par ailleurs, en vêtant ses personnages de costumes modernes et en les plaçant dans un décor vraisemblablement parisien plutôt que dans un environnement mythique, le jeune disciple s'est brillamment démarqué du genre de Watteau.

Le dessin prend place dans notre collection parmi d'autres œuvres splendides d'artistes français du XVIIIe siècle, notamment de Watteau, Lancret, Greuze et Boucher. Il s'agit toutefois d'un premier exemple de belle qualité sur le thème de la fête galante qui a joué un rôle si crucial dans l'éclosion du style rococo.