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Inspiratrice du documentaire Kénojouak, artiste esquimau, réalisé par l'Office national du film en 1964, et conceptrice d'une murale pour le Pavillon du Canada à l'Exposition universelle d'Osaka en 1970, Kenojuak Ashevak est membre de l'Académie royale des arts du Canada depuis 1974 et compagnon de l'Ordre du Canada depuis 1982. Elle a reçu des doctorats honorifiques de l'Université Queen's (1991) et de l'Université de Toronto (1992), ainsi que le Prix national d'excellence de 1995 décerné aux autochtones pour l'ensemble de leur œuvre. Tous ces honneurs et distinctions montrent comment Kenojuak Ashevak est devenue l'une des figures les plus connues du monde de l'art inuit. La reconnaissance de son talent, elle la doit essentiellement à un œuvre graphique impressionnant qui s'étend sur plus de quarante ans. Ses dessins et estampes sont des explorations de la forme et du style toujours lyriques et élégantes, qu'il s'agisse de sa première œuvre au pochoir, Lapin se nourrissant d'algues (1958), d'après un motif qu'elle avait réalisé sur peau de phoque pour orner un sac à main, de l'estampe Le hibou enchanté (1960) qui a confirmé sa réputation et dont l'impression sur timbre-poste, en 1970, l'a fait largement connaître, ou encore de l'ambitieuse lithographie circulaire, d'environ 130 cm de diamètre, Nunavut (Notre terre) (1992), commandée et tirée en trois exemplaires pour célébrer la signature de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut de la Fédération Tungavit de 1993. Kenojuak commence à sculpter la pierre vers le milieu des années 1950. À cette époque, elle vit avec son mari, Johnniebo, un peu à l'est de Cape Dorset, au camp de Keakto où réside un autre célèbre Baffinois, Peter Pitseolak. Pour ses premiers efforts, elle reçoit les encouragements de l'artiste et écrivain James Houston, qui a visité la région en 1951 et 1952 avant d'y revenir en 1955 à titre d'administrateur régional fédéral dans le but avoué d'implanter un programme artistique à Cape Dorset. Dès que Kenojouak commence à dessiner au crayon sur papier, l'atelier d'imprimerie nouvellement créé accueille avec enthousiasme les formes étroitement reliées, oniriques, qu'elle exécute d'un trait vif et précis. Une femme artiste venait de trouver sa place au sein d'un groupe jusque-là exclusivement masculin. L'estampe et le dessin deviennent alors ses moyens d'expression privilégiés, mais elle ne cessera pourtant jamais de s'exprimer, quoique de façon intermittente, par la sculpture - en fonction de la disponibilité de la pierre, de son état de santé et de ses propres envies. D'une exécution fluide et d'un esprit ludique, Deux oiseaux est l'une des sculptures sur pierre de Kenojuak les plus achevées. À l'instar du petit nombre de ses autres sculptures qui enrichissent les collections publiques, Deux oiseaux illustre le parallèle entre ses œuvres sculptées et ses dessins. En dépit de leur apparence résolument tridimensionnelle, les formes compactes de chacun des oiseaux aux ailes déployées, que l'artiste a placés l'une devant l'autre, se répondent agréablement dans un ensemble où elle traite les yeux, les becs, les ailes, les corps et les têtes non seulement comme des détails anatomiques, mais aussi comme des éléments dans une composition. Le Musée des beaux-arts du Canada a acheté sa première œuvre de Kenojuak en 1961; aujourd'hui, sa collection en compte environ quarante-cinq, dont des dessins rares datant de 1958 à 1960, l'estampe et le bloc de pierre de L'arrivée du soleil qu'on a vus dans le film de 1964, plusieurs dessins récents ainsi qu'une autre sculpture, Ours et femme (v. 1968). Deux oiseaux constitue un remarquable ajout à cet ensemble. |
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