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Sans titre (chaman)
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Norval Morrisseau
Sans titre (chaman), v. 1971
Acrylique sur papier, collé sur panneau de fibres
130,7 × 89,7 cm
Don de Audrey et Gary Kilpatrick, Rainy River (Ontario), 2000

Miskwaabik Animiiki, ou oiseau-tonnerre de cuivre, voilà le nom donné à Norval Morrisseau par son grand-père. Ce nom puissant convient à cet influent artiste.

Peintre et graveur autodidacte, Morrisseau fonde l'école de peinture des « Woodlands » (Terres boisées), caractéristique de sa région et sa culture. Les musées du Canada et ceux du monde entier collectionnent les œuvres de cet artiste internationalement célèbre. Morrisseau a passé son enfance dans la réserve de Sand Point, près du lac Nipigon, où son grand-père lui a enseigné les coutumes et légendes anishnabes (ojibwés) et sa grand-mère les traditions catholiques. Il réussit néanmoins à combiner ces systèmes apparemment antinomiques et à trouver un moyen d'exprimer ses propres valeurs spirituelles.

L'école des « Woodlands » se distingue entre autres par un traitement « radiographique » des personnes et des animaux, des couleurs éclatantes et contrastées et des lignes d'« esprit » et de « puissance » qui émanent des diverses figures, les enveloppent et les relient. Cette organisation visuelle de la spiritualité anishnabe se fonde sur l'iconographie des rouleaux en bois de bouleau de Midewiwin (société d'Anishnabes vouée à la spiritualité, la guérison et la politique), des pétroglyphes et pictogrammes de différents lieux du nord-ouest de l'Ontario.

Sans titre (chaman) constitue l'une des premières explorations de Morrisseau sur le thème du chamanisme. La figure, qui tient une baguette sacrée, porte divers objets associés à Midewiwin : une couverture, un collier de perles, des brassards, un sac de guérisseur et un capuchon en voie de métamorphose. Morrisseau peint souvent des coiffes qui se transforment en animal et figurent peut-être des symboles de clans ou des totems. Lui-même chaman, Morisseau a choisi de transmettre les enseignements anishnabes sous une forme visuelle afin de les rendre plus accessibles.

Sans titre (chaman) atteste un emploi ancien de couleurs plus saturées. La représentation « radiographique » demeure limitée, et l'on note l'absence de ces lignes de « puissance » qui apparaîtront plus tard avec tant de force. Cette peinture s'inscrit dans la lente évolution de l'utilisation des couleurs de Morrisseau, dont les premières œuvres sur écorce de bouleau ou contreplaqué, presque monochromes, présentent un fond vierge. Ainsi, le grain du bois ou du bouleau, non peint, se trouve-t-il intégré à l'esthétique générale. Œuvre de transition, Sans titre (chaman) se situe entre les teintes terreuses des premières peintures et les champs de couleurs intenses particulièrement éclatants, évoquant le néon des tableaux plus récents. Plus Morrisseau attache d'importance à la couleur, plus la totalité de la surface de l'œuvre devient un moyen d'expression, les sujets ainsi que les fonds offrant les teintes les plus vibrantes. Ces couleurs vives harmonieusement combinées renvoient directement à ses convictions spirituelles, au point qu'elles en deviennent investies de vertus curatives.