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Le triomphe de Persée
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Camillo Procaccini
Le triomphe de Persée, v. 1600
Plume et encre brune et lavis brun avec rehauts de blanc
30,8 x 23,5 cm
Acheté en 2001

Peintre baroque de l'Italie du Nord, Camillo Procaccini a dominé la scène artistique lombarde pendant la seconde moitié du XVIe siècle, et ses efforts pour réformer le style de la peinture religieuse reposent sur une exposition claire et logique des principes catholiques dictés par les artisans de la contre-réforme.

Artiste prolifique, Procaccini n'a cependant réalisé que fort peu de tableaux mythologiques de ce genre. La composition soigneusement équilibrée de ce feuillet extraordinaire met en scène des formes fortement sculpturales qui se déplacent dans un espace comprimé et peu profond. Toutefois le style de Procaccini, généralement maîtrisé et lisible, est-il en même temps animé par des figures allongées et musclées adoptant des poses diverses.

Ovide raconte dans ses Métamorphoses comment Persée, fils de Jupiter et de Danaé, parvint à décapiter Méduse, dont le regard pétrifiait les hommes, en s'approchant d'elle les yeux fixés sur un miroir pour éviter de la regarder. Jeune fille d'une éclatante beauté, Méduse avait été transformée en une monstrueuse Gorgone par Minerve, qui voulait ainsi la punir de s'être unie à Poséidon, dont elle devint enceinte, dans l'un de ses temples. Persée avait été chargé de cette mission éventuellement fatale par un soupirant royal de sa mère, désireux de se débarrasser de lui. Procaccini attire ici l'attention sur la valeur de Persée, présenté en ancien guerrier romain, laissant de côté les attributs divins qui l'ont aidé à sortir vainqueur de sa confrontation avec Méduse. Persée remet son épée dans son fourreau après avoir tranché la tête du monstre. La tête de Méduse hérissée de serpents repose à la base du dessin, le sang giclant en abondance de la blessure du cou (détail qui indique que l'exploit courageux vient d'être accompli).

Le mythe se poursuit sur la naissance de Pégase, cheval ailé qui naquit du sang de Méduse lorsque celle-ci eut la tête tranchée. Pour Poséidon, les chevaux étaient des créatures sacrées et Pégase était son enfant, engendré par Méduse. Procaccini a ici l'audace de représenter le cheval de dos, labourant le sol avec impatience comme s'il se préparait à accompagner Persée dans sa prochaine aventure. Rarement représentée en art, la naissance miraculeuse de Pégase traduit la volonté d'innover de l'artiste.

Il semble que Procaccini n'ait produit aucune peinture sur ce sujet. Le dessin, extrêmement raffiné, a certainement été réalisé comme une fin en soi, en vue de satisfaire le goût des connaisseurs. Le témoignage d'un marchand milanais contemporain de l'artiste confirme que les collectionneurs privés appréciaient fortement les dessins de ce dernier. Il est évident que Procaccini produisait ces dessins sans autre visée, pour répondre à la demande d'un marché sophistiqué. Le triomphe de Persée pourrait être le dessin unique le plus remarquable parvenu jusqu'à nous.