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Pan et Syrinx
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Jean-François de Troy
Pan et Syrinx, 1733
Huile sur toile
90,5 x 73 cm
Acheté en 2000

L'une des peintures les plus énergiques et les plus viriles de Jean-François de Troy, ce Pan et Syrinx est aussi la première œuvre érotique, ou galante, à entrer dans la collection du Musée des beaux-arts du Canada.

Élève de son père à Paris, de Troy séjourne sept ans en Italie avant de revenir en France en 1706 où il assimile rapidement le style d'Antoine Coypel, le peintre d'histoire le plus éminent de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Devenu membre à part entière de l'Académie en 1708, il gravit rapidement les échelons à une époque où les commandes royales sont à leur plus bas niveau. Pendant les dix années suivantes, il réalise surtout des peintures sur des thèmes religieux et mythologiques pour le marché privé. Ces premières œuvres se distinguent par leur facture minutieuse et conventionnelle. La commande d'une série de tableaux décoratifs dans les années 1720 lui permet de laisser libre cours à ses ambitions de peintre d'histoire et d'introduire une approche picturale originale et une nouvelle sensualité dans le plus noble des genres.

Fidèle à son nouveau style, de Troy reprend dans Pan et Syrinx un sujet populaire qu'il traite d'une façon riche et provocatrice. Bon nombre de textes classiques - on pense d'abord aux Métamorphoses d'Ovide - racontent la légende de Pan frustré par la résistance de la nymphe Syrinx. Les nymphes se moquent de ce dieu mi-homme, mi-bouc, et repoussent avec mépris ses avances lascives. Pris de passion pour la chaste Syrinx, l'une des servantes de Diane, il la poursuit dans la forêt alors qu'elle revient du mont Lycaeus. Atteignant un cours d'eau, Syrinx supplie son père, le dieu du fleuve Ladon, de la sauver - ce qu'il fait en la transformant en roseaux de marais au moment même où Pan l'étreint. Se retrouvant seul avec une poignée de roseaux dans les bras, le dieu est si charmé par le sifflement de l'air dans les roseaux qu'il fabrique un instrument à sept tuyaux que ses adeptes, les satyres, utiliseront ensuite au cours de leurs festivités.

En excellent état, presque sans abrasions ni retouches - et avec un audacieux empâtement remarquablement intact -, ce Pan et Syrinx constitue un superbe exemple de mythologie érotique. Les coloris soutenus, les groupes de figures animées et le traitement très chargé du nu féminin ne seront égalés que par un artiste de la génération suivante, François Boucher, dont le Musée des beaux-arts a acquis en 1997 l'une des premières peintures d'histoire, Le jugement de Suzanne.