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Étude pour la tête de la Fortune pour « La Roue de la Fortune »
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Edward Burne-Jones
Étude pour la tête de la Fortune pour « La Roue de la Fortune », v. 1877-1883
Huile sur toile
37,3 x 39,6 cm
Don du Dr Dennis T. Lanigan, Saskatoon, 2001, à la mémoire du Dr William E. Fredeman

Les débuts de la carrière de Burne-Jones sont marqués par son association avec William Morris et par l'influence de Dante Gabriel Rossetti. Il commence à susciter des émules à la fin des années 1860, mais il quitte la vie publique à partir de 1870 après que l'on eut retiré d'une exposition un de ses tableaux à cause de la nudité d'un sujet. En 1877, cependant, Burne-Jones expose une série de peintures à la Grosvenor Gallery et connaît un succès sans précédent. Une renommée qu'il accueille avec réticence conduit à son élection à la Royal Academy en 1886, organisme dont il démissionne en 1893. Mais déjà à cette époque il est le chef de file du mouvement des esthètes [esthétique] et le symbolisme international porte l'empreinte de son style.

En 1870, Burne-Jones conçoit un projet portant sur la chute de Troie qui contient des allégories de la Fortune, de la Gloire, de l'Oubli et de l'Amour. Finissant par abandonner l'idée, il en tire néanmoins des compositions autonomes. La Roue de la Fortune devient sa composition préférée et aussi le plus populaire de ses chefs-d'œuvre. L'élaboration de la peinture demande énormément de temps, Burne-Jones ne l'ayant véritablement commencée qu'en 1871, lorsqu'au cours d'un voyage en Italie, il étudie pendant plusieurs jours les sibylles de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine. En 1872, il s'attaque à une œuvre de grand format qu'il met de côté en 1875 au profit d'une toile encore plus grande. C'est cette seconde peinture, achevée en premier et maintenant au Musée d'Orsay, qu'il expose en 1883 en la présentant comme la première version de La Roue de la Fortune.

Il existe une profusion d'études pour cette peinture, consacrées pour un bon nombre à l'élément qui sollicite le plus l'artiste : la tête de la Fortune. En réalité, les dessins datés entre 1872 et 1877 révèlent une recherche continue du type idéal, qui s'inspire en partie de la Sibylle érythréenne de Michel-Ange. Le concept général de la tête - montrée de profil, les yeux baissés, aveugle au sort de ses victimes - change relativement peu au fil des années. La forme du profil varie pourtant considérablement, peut-être avec chaque nouveau modèle, et sa coiffure est modifiée à plusieurs reprises. La quête prolongée de la tête parfaite s'achève avec trois études à l'huile monochromes qui permettent au peintre de se concentrer sur la forme. Parmi celles-ci, la tête maintenant à Ottawa, qui respecte la même échelle que la peinture du Musée d'Orsay, est l'étude finale. Bien qu'il soit difficile de dater avec précision les études à l'huile, Burne-Jones les a certainement exécutées entre 1877, période où il travaille encore avec des dessins, et le début de 1883, moment où il achève la peinture.

Au fil des années, il fait appel à différents modèles pour la tête, arrêtant finalement son choix sur Lily Langtry, la célèbre actrice victorienne. Elle a sûrement posé à plusieurs reprises pour Burne-Jones à partir du début de 1879, lorsqu'il décrit à un ami l'impression qu'elle lui faite : « C'était la première fois de ma vie que je contemplais la Beauté, et je n'aimais pas la regarder avec insistance [...] je ne peux imaginer un visage plus radieux ou un air plus serein, elle est comme le jour. »