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Porte de cuisine et Esther
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Christiane Pflug
Porte de cuisine et Esther, 1965
Huile sur toile
159,5 x 193 cm
Acheté en 2002

Élevée par un parent unique en Allemagne durant la guerre, Christiane Schütt s'installe à Paris en 1953 pour étudier le dessin de mode et y fait la rencontre de son futur mari, Michael Pflug, étudiant en médecine et artiste qui l'encourage à faire de la peinture. Après avoir vécu trois ans à Tunis, Christiane et ses deux fillettes, Esther et Ursula, arrivent à Toronto en 1959 où Michael les rejoindra un an plus tard. Plusieurs obstacles gênent les premières tentatives de Christiane de faire de la peinture au Canada : la situation financière précaire du couple, les absences fréquentes de Michael durant sa résidence, le défi d'élever deux enfants pratiquement seule et l'isolement qui en découle. Par nécessité, elle concentre sa pratique artistique sur des sujets touchant sa vie et son espace domestique.

La méthode de création de Pflug est exigeante. Plutôt que de commencer par un dessin d'ensemble, elle travaille dans une section de la toile, construisant la composition section par section. Elle peint rarement sur le vif. « C'est précisément là le problème posé par mon genre de travail, écrit-elle, cette dépendance envers l'objet, car s'il est " mobile ", cela remet tout en cause. » Pourtant, au milieu des années 1960, elle peint trois grands portraits : Avrom Isaacs (son marchand) en 1964 (Musée des beaux-arts de l'Ontario), Porte de cuisine et Esther en 1965 et Porte de cuisine et Ursula en 1966 (Winnipeg Art Gallery).

Christiane Pflug entreprend Porte de cuisine et Esther en août 1965. Elle rend compte de l'avancement du tableau dans sa correspondance avec sa belle-mère, qui vit en Allemagne. « La Miezchen [surnom d'Esther] doit poser pour moi, ce qui ne sera pas chose facile. Même si ce n'est que son dos. » Elle poursuit une semaine plus tard : « En ce moment, j'ai besoin de [Miezchen] pour ma peinture; comme j'en ai terminé avec la tête et le cou [...] elle n'a plus besoin de rester aussi tranquille et peut poser plus longtemps [...] La grande forme de la figure au milieu de la profusion de feuilles et le blond de ses cheveux, avec les tons de rose, de brun et de violet de son pull parmi tout le vert, me semblent très beaux et plutôt joyeux et pleins d'espoir, [et] nous pouvons espérer que le tableau sera charmant et pas du tout triste. » L'artiste se montre satisfaite du résultat lorsqu'elle voit le tableau dans son exposition individuelle, présentée à Winnipeg au mois de janvier suivant. « Le dernier tableau était très bien [...] on pouvait se reculer et le regarder avec un peu d'éloignement, ce qui s'avère impossible à la maison. C'est étonnant de voir à quel point les couleurs métalliques (vert de cobalt, cobalt et jaune de cadmium) donnent de l'éclat au tableau, et aussi le rouge de cadmium que j'ai ajouté aux gris pâles cette fois-ci, l'éclat chaud ressemble à la lumière de l'été. Miezchen est très mignonne et domine tout le tableau, malgré la petite taille de la figure. »

Entourée par des murs nus, la figure délicate d'Esther évoque la fragilité de la jeunesse et de toute forme de vie en tension avec son milieu, bien que le ciel que l'on aperçoit par la porte, perçant à travers le feuillage, révèle l'existence d'un monde au-delà des limites de l'espace domestique.