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La Vierge et l'Enfant en majesté avec saint Sébastien et saint Roch
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Giulio Romano
La Vierge et l'Enfant en majesté avec saint Sébastien et saint Roch, v. 1530
Plume et encre brune et lavis brun sur papier vergé
23,1 x 18,5 cm
Acheté en 2001

Giulio Romano entre assez jeune dans l'atelier de Raphaël à Rome et devient rapidement son assistant le plus fiable et le plus compétent. Après la mort du maître en 1520, Romano hérite de son atelier et de ses dessins, et il termine d'importantes commandes au palais du Vatican. Vers 1524, on l'invite, par l'intermédiaire de Baldassare Castiglione, à entrer au service de la famille Gonzague à Mantoue. Il allait y travailler comme artiste de cour jusqu'à la fin de sa vie. À Mantoue, Giulio se consacre principalement à la conception dans toutes les disciplines de l'art et de l'architecture, ce qui ne lui laisse que peu de temps pour mener à terme ses propres projets.

Ce dessin inédit montrant la Vierge et l'Enfant en majesté avec saint Sébastien et saint Roch a récemment refait surface dans une collection particulière en Angleterre; il est indiscutablement de la main de Giulio Romano qui l'a sans doute exécuté à Mantoue. La nature de l'image permet de l'associer avec certitude à la production d'un retable sur le thème de la peste, une œuvre qui n'existe plus et dont il ne subsiste aucune trace. Il pourrait bien y avoir un rapport entre ce dessin et une peste particulièrement dévastatrice qui frappa Mantoue en 1527 et au début de 1528.

La composition en frise, où les lourdes figures sont campées de face comme dans les anciens sarcophages, est caractéristique de l'approche du dessin de Giulio. Cette feuille renvoie à deux autres versions de la même composition, dont l'une se trouve maintenant au Musée Condé à Chantilly et dont l'autre n'a pas été retracée. En l'absence d'une peinture, impossible d'affirmer avec certitude lequel des trois dessins s'approchait le plus de l'intention finale. Toutefois, en tenant compte de son fini relativement libre, on peut raisonnablement penser que le dessin d'Ottawa a été exécuté le premier et qu'il constitue la réponse initiale de Giulio à ce problème de composition; l'éclairage qu'il jette sur la méthode de travail de l'artiste accroît d'autant son importance.

Mais au sein même de la production de Giulio, cette esquisse se démarque par sa touche d'une vivacité exceptionnelle. Il s'agit essentiellement d'un dessin au lavis qui explore les qualités de la lumière et de l'ombre en grandes plages dans les tons d'or pour créer des effets théâtraux, les contours étant à peine suggérés par quelques traits extrêmement fins et très rudimentaires. On trouve des antécédents de cette technique saisissante dans les dessins de Raphaël qui ont survécu, notamment dans une étude célèbre - maintenant conservée à la Galerie des Offices à Florence - pour la fresque de la Libération de saint Pierre au Vatican. La facture pleine de vivacité parvient particulièrement bien à suggérer les émotions des personnages divins, l'artiste s'étant efforcé d'unifier la composition comme un récit plutôt que de représenter le sempiternel groupe de saints en arrêt devant la Vierge et l'Enfant. La volonté de donner un élan narratif au format du retable compte parmi les innovations caractéristiques de cette période de la Renaissance, et ce dessin nous en offre une parfaite illustration.