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The Paradise Institute
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Janet Cardiff, George Bures Miller
The Paradise Institute, 2001
Installation audio, vidéo et techniques mixtes
3 x 12 x 5,1 m
Don anonyme, 2002

Depuis la présentation de The Paradise Institute au pavillon du Canada à la Biennale de Venise en 2001, le duo composé de Janet Cardiff et de George Bures Miller est devenu l'un des plus en vue sur la scène artistique internationale. À Venise, les deux artistes ont reçu le prix spécial du jury pour « avoir fait participer le public à une nouvelle expérience cinématique au cours de laquelle la fiction et la réalité, la technologie et le corps convergent en de multiples voyages dans l'espace et le temps. »

Cardiff et Miller partagent leur temps entre Lethbridge et Berlin. Ils poursuivent chacun une carrière artistique indépendante mais ils se sont toujours aidés et soutenus. Cardiff a remporté le Prix du millénaire en 2001 pour son Motet à quarante voix, un remaniement d'une composition chorale polyphonique de Thomas Tallis, Spem in Alium, présenté au Musée des beaux-arts du Canada dans le cadre de l'exposition Paradis insaisissables.

Dans The Paradise Institute, Cardiff et Miller continuent leur exploration de la perception et des environnements immersifs en se concentrant cette fois sur le langage et l'expérience du cinéma. Les spectateurs se dirigent d'abord vers un simple pavillon en contreplaqué, gravissent des escaliers et se retrouvent dans un intérieur luxueux et faiblement éclairé qui est meublé d'une moquette rouge et de deux rangées de fauteuils en velours. Une fois assis, les spectateurs découvrent, en bas du balcon, la réplique miniature d'une somptueuse salle de cinéma d'autrefois. Il s'agit de la première d'une série d'illusions orchestrées par Cardiff et Miller. Les spectateurs mettent ensuite les casques d'écoute fournis et assistent au début de la projection d'une durée de 13 minutes.

Au moins deux histoires se déroulent simultanément. Il y a d'abord le film comme tel, ainsi que la bande sonore qui l'accompagne. Se superpose à cela « l'action sonore » d'un public fictif. Le film lui-même s'avère un mélange de genres : film noir, à sensations, avec des airs de science-fiction et de film expérimental. Mais la particularité de cette installation est le son d'ambiance biaural que perçoit chaque spectateur grâce aux casques d'écoute. Le sentiment d'isolement qu'il pourrait expérimenter se trouve alors court-circuité par des intrusions qui semblent provenir de l'intérieur même de la salle de cinéma. Le téléphone cellulaire d'un membre de l'auditoire se met à sonner, une amie proche demande en vous chuchotant à l'oreille si vous avez éteint la cuisinière avant de partir. La fiction et la réalité s'entremêlent à mesure que l'attention portée au film est perturbée par les réalités autres qui affluent.

Par leur utilisation du cinéma miniature et du son biaural, grâce auquel l'auditeur entend des sons semblant provenir de divers endroits précis, Cardiff et Miller perpétuent la tradition artistique de l'illusionnisme. Ils y parviennent par l'utilisation de la perspective, qui invite le spectateur à entrer « dans la peinture », mais aussi par des pratiques immersives plus contemporaines comme la réalité virtuelle. Les artistes cherchent non seulement à explorer comment le son affecte notre corps et notre perception visuelle, mais également à ébranler nos attentes lors d'une sortie au cinéma.